Drone - Cinématique
L'expérience chez DLT Company
Durant mon stage de 10 semaines au sein de DLT Company, j’ai intégré le pôle audiovisuel en tant que cadreur monteur. Dès les premiers jours, une attention particulière a été portée à ma compréhension de l’identité de l’agence : j’ai réalisé une veille concurrentielle, un audit des réseaux sociaux et proposé une refonte de la charte graphique, afin de mieux cerner les besoins de communication visuelle de l’entreprise. Cela m’a permis d’appréhender la diversité des missions confiées à l’agence et de mieux saisir la place stratégique de l’image dans ses projets.
L’essentiel de mon activité a concerné la production vidéo : tournage, montage, habillage graphique, storytelling et même prise de vue aérienne au drone. Deux projets m’ont particulièrement permis d’expérimenter toutes les phases de création : l’interview d’un influenceur et la publicité pour une entreprise de remplacement de pare-brise.
Pour l’interview de BRH, un créateur de contenu, j’ai monté plusieurs formats adaptés aux réseaux sociaux (Instagram, TikTok, YouTube), ce qui m’a familiarisé avec les logiques d’attention et d’impact propres à chaque plateforme. J’ai également participé à toutes les étapes techniques : importation des rushs, synchronisation des pistes audio et vidéo, dérushage, étalonnage, mixage et export. Ce projet a mis en lumière l’importance de l’adaptation du format à la plateforme et le rôle du montage dans la mise en valeur du propos.
La publicité pour AFPareBrise fut un exercice complet, du cadrage à la réalisation. J’ai appris à gérer un tournage en conditions réelles, à utiliser un appareil inconnu (le Sony A7III), à diriger des comédiens, puis à monter une vidéo promotionnelle rythmée avec du sound design et de l’étalonnage. J’ai pu affirmer mes compétences en storytelling, en m’adaptant à une commande précise tout en y apportant ma touche créative.
De l’hélicoptère au drone : révolution technique
Avant l’essor des drones, la prise de vue aérienne impliquait des moyens lourds : hélicoptères, grues, montgolfières, avec tout ce que cela suppose en termes de coûts, d’équipes techniques et de logistique. Ces procédés, visibles dans des films emblématiques comme Apocalypse Now ou Vertigo, étaient réservés à des productions à gros budgets. Aujourd’hui, grâce aux drones, ces plans spectaculaires sont devenus accessibles à de nombreuses structures, même de taille modeste.
La démocratisation du drone repose sur plusieurs avancées : miniaturisation des composants, amélioration de l’autonomie des batteries, stabilisation électronique performante, pilotage assisté via smartphone, baisse des prix, etc. Le marché est dominé par DJI, dont les modèles comme le Mini 4K ou l’Inspire 3 couvrent un large éventail de besoins, du simple amateur au professionnel du cinéma.
Apport narratif de la prise de vue aérienne
La prise de vue aérienne ne doit pas être utilisée de façon gratuite ou systématique. Elle possède un potentiel narratif fort quand elle est intégrée intelligemment : elle peut situer une scène, exprimer une émotion, magnifier un lieu, ou accompagner un mouvement.
Par exemple, un plan en plongée peut symboliser la vulnérabilité, tandis qu’un travelling aérien fluide peut évoquer la liberté ou l’aventure. Dans la série The Walking Dead, le tout premier épisode s’ouvre sur une vue aérienne qui accentue l’isolement du personnage principal dans un monde post-apocalyptique.
Chez DLT Company, ce type de plans a été intégré dans la vidéo de promotion de Soccerfly91, où le drone permet de situer l’action sur un terrain de football et de capter la dynamique du groupe. Ces plans donnent de la hauteur et un souffle épique au contenu, tout en servant le récit.
Limites et dérives de la prise de vue aérienne
Malgré leur efficacité, les drones posent plusieurs problèmes de saturation et de banalisation. À force d’en voir partout, notamment dans les publicités automobiles, le public se lasse. Tous les spots finissent par se ressembler : routes de montagne, ralentis, survols de véhicules brillants… Ce qui était autrefois un marqueur de prestige devient une convention visuelle attendue, voire ennuyante.
La prise de vue aérienne perd alors sa force évocatrice et devient décorative. Cela montre qu’une technologie, aussi spectaculaire soit-elle, ne remplace pas une idée forte ni une intention narrative. Dans un univers saturé d’images, l’originalité et le sens priment.
C’est dans cette optique que j’ai proposé une vidéo immersive au drone FPV pour Go Pare Brise. Le but : créer un plan-séquence dynamique à l’intérieur même de l’atelier, pour aider à la géolocalisation du garage, difficile d’accès. J’ai conçu un plan de vol précis et storyboardé le trajet du drone pour créer un effet immersif et original. Cela démontre que le drone peut retrouver son pouvoir évocateur, à condition d’être utilisé avec intelligence.
Les contraintes réglementaires
En France, l’utilisation du drone est très encadrée. Depuis l’entrée en vigueur de la réglementation européenne (2025), la distinction entre usage loisir et professionnel a été remplacée par une classification par niveau de risque (catégories ouverte, spécifique, certifiée). Tourner en zone urbaine, par exemple, nécessite :
- Un drone conforme à la classe C5
- Un certificat CATS
- Une déclaration en préfecture
- Une assurance responsabilité civile
L’ensemble des obligations techniques et administratives représente un coût élevé (environ 4000 € d’équipement + frais divers). Cela restreint considérablement l’usage professionnel du drone pour les petites structures ou les indépendants, et renforce la nécessité d’une utilisation justifiée.
Synthèse
La prise de vue aérienne, popularisée par les drones, est un outil puissant mais qui ne vaut que par la pertinence de son usage. Elle peut magnifier un récit ou le desservir si elle est gratuite. Dans le cadre de mon stage, j’ai appris à maîtriser les aspects techniques mais aussi à réfléchir à la narration, à l’intention derrière chaque plan, à sa valeur ajoutée dans l’ensemble d’une production.
Cette exigence m’apparaît essentielle pour qui veut se démarquer dans un univers saturé d’images.